L'enjouement et la (non-)performance dans le drame moderniste de Gertrude Stein

Resumo

On peut étudier le théâtre de Gertrude Stein, un théâtre du modernisme, comme un exemple de dramaturgie expérimentale, en ce qu’il se trouve en suspens entre deux identités : celle du discours, et celle d’une partition théâtrale. Le présent article, qui se veut un examen de l’écriture dramatique de Stein en tant qu’exemple d’écriture moderniste, met le point sur les défis qui font de Stein une écrivaine essentiellement « anti‑théâtrale » – une écrivaine qui n’est que très peu intéres‑ sée par la mise en scène. Quoiqu’il s’adonne instamment à des jeux de mots, à des répétitions, ainsi qu’à des constructions linguistiques tenant lieu de conflits dramatiques, de l’action et des personnages, le théâtre de Stein a néanmoins évolué vers une maturité de la représentation, qui se manifeste surtout dans la compréhension claire et limpide de l’espace et du temps à travers le contrôle de la langue, ainsi que dans sa focalisation sur l’expérience du présent par le spec‑ tateurs, qui ne se font plus distraire par la causalité linéaire. Même si l’époque de Stein lui offrait maintes occasions pour expérimenter avec le matériau et la forme de son médium, sa voix demeura essentiellement une affaire privée, et ses repré‑ sentations théâtrales étaient, pour la plupart, des exercices ludiques plutôt que des défis de réalisation scénique. Tout de même, ses réarrangements textuels d’identités, d’espaces et de choses, qui font l’objet de divisions et de réadapta‑ tions perpétuelles, ont donné lieu à une tradition esthétique toute particulière, qui a laissé des traces visibles sur nombre de représentations formalistes modernes.

GERTRUDE STEIN / MODERNISME / PERFORMATIVITÉ / REPRÉSENTATION THÉÂTRALE / ESTHÉTIQUE DU PAYSAGE